Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Arthus

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Henri Plon (p. 53-54).
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Arthus ou Artus, roi des Bretons, célèbre dans les romans de la Table Ronde, et dont la vie est entourée de fables. On prétend qu’il n’est qu’assoupi à Avallon, et qu’il revient la nuit dans les forêts de la Bretagne chasser à grand bruit, avec des chiens, des chevaux et des piqueurs, qui ne sont que des démons et des spectres, au sentiment de Pierre Delancre[1]. Quand le grand veneur apparut à Henri IV dans la forêt de Fontainebleau, quelques-uns dirent que c’était la chasse du roi Arthus.

La tradition conserve, aux environs de Huelgoat, dans le Finistère, le souvenir curieux de l’énorme château d’Arthus. On montre des rochers de granit entassés comme étant les débris de ses vastes murailles. Il s’y trouve, dit-on, des trésors gardés par des démons, qui souvent traversent les airs sous la forme de feux follets en poussant des hurlements répétés par les échos du voisinage[2]. L’orfraie, la buse et le corbeau sont les hôtes sinistres qui fréquentent ces ruines merveilleuses, où de temps en temps apparaît l’âme d’Arthus endormi avec sa cour enchantée dans son vieux manoir d’Avalon. Voy. Merlin.

En Angleterre on a cru et dans plusieurs contrées de ce pays on croit encore que le roi Arthus a été par enchantement transformé en corbeau ; et pour cela on respecte beaucoup les corbeaux, car l’un d’eux pourrait être l’héroïque monarque.


  1. Tableau de l’inconstance des mauvais songes, liv. IV, disc. iii.
  2. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I, p. 277.