Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Clairon

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Henri Plon (p. 171).
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Clairon ( Claire-Josèphe-Leyris de Latude, connue sous le nom d’Hippolyte), tragédienne française, morte en 1803. Dans ses Mémoires, publiés en 1799, elle raconte l’histoire d’un revenant qu’elle croit être l’âme de M. de S…, fils d’un négociant de Bretagne, dont elle avait rejeté les vœux ; il en mourut de chagrin ; et dès lors mademoiselle Clairon entendit toutes les nuits, vers les onze heures du soir, pendant plusieurs mois, un cri aigu. Ses gens, ses amis, ses voisins, la police même, entendirent ce bruit, toujours à la même heure, toujours partant sous ses fenêtres, et ne paraissant sortir que du vague de l’air.

Ces cris cessèrent quelque temps, puis ils furent remplacés, à la même heure, par un coup de fusil tiré dans ses fenêtres, sans qu’il en résultât aucun dommage.

La rue fut remplie d’espions, et ce bruit fut entendu, sans que jamais personne pût voir de quel endroit il partait. A ces explosions succéda un claquement de mains, puis des sons mélodieux. Enfin, tout cessa après un peu plus de deux ans et demi[1]. Voilà ce que disent des mémoires publiés par mademoiselle Raucourt. C’était sans doute une mystification, qui eût fait un peu plus de bruit à Paris si c’eût été autre chose.

  1. Mémoires d’Hippolyte Clairon, édit. de Buisson, p. 467.